Les 870 salaris de l'entreprise de Sarrebourg redoutent la fermeture de l'usine de Sarrebourg depuis l'arrive d'une lettre anonyme annonant l'imminence d'un dpt de bilan. L'usine de Bata implante prs de Sarrebourg (Moselle) vit-elle ses derniers jours ?
"L'expditeur doit tre quelqu'un de bien plac", observent les responsables de l'intersyndicale CFDT-CGT-CFE-CGC, qui en veulent pour preuve les analyses conomiques accompagnant les documents reus. Ce courrier, dnonc comme une manuvre de la direction pour "informer" les salaris, a mis le feu aux poudres. L'ensemble du personnel s'est aussitt mis en grve et a dcid d'occuper l'usine et son dpt, contenant quelque 500 000 paires de chaussures d'une valeur estime plusieurs dizaines de millions de francs.
Depuis plusieurs annes, "les Bata" se savent sur le fil du rasoir, sinon en survie. Ouverte en 1931, l'usine, qui a employ jusqu' 2400 personnes, doit faire face la concurrence des pays faible cot de main-d'uvre. Le prix de revient d'une paire de chaussures fabrique en France est plus de trois fois suprieur celui de produits imports : 100 francs contre 30 francs pour des chaussures produites en Chine ou en Indonsie, explique la direction. L'usine franaise a multipli les rorganisations pour tenter de conserver ses parts de march. Dans les annes 1980, elle a notamment lanc des quipes polyvalentes capables de rpondre en quelques jours aux commandes, l o les usines d'Extrme Orient mettent plusieurs semaines. Elle a aussi mis sur le haut de gamme, travaillant en sous-traitance pour des grands noms de la profession, dont le lorrain Mephisto.
Peine perdue : les pertes s'lvent, selon la direction, 264 millions de francs (40,2 millions d'euros) depuis 1993, dont 100 millions au cours des trois derniers exercices. Pour 2001, le groupe avait accept un dficit de 20 millions de francs. Il est de 15 millions pour le seul premier trimestre. Rsultat, le groupe Bata a dcid de ne plus apporter d'argent. "L'entreprise sera en cessation de paiements d'ici deux trois semaines", explique le nouveau directeur oprationnel, Antonius Van Es, que les salaris ont retenu dans l'usine durant deux jours, vendredi 8 et samedi 9 juin.
Le sentiment que"les choses risquaient de mal tourner" s'tait renforc le 10 mai, lorsque Laurent Longford, directeur de l'usine, avait dmissionn, dix-huit mois seulement aprs sa nomination ; il avait promis qu'il ne serait pas l'homme de la fermeture. "Une fuite inopine qui dmontre une aggravation de la conjoncture", disent les syndicats. "Ils nous ont coup la tte", lche une employe qui compte vingt-trois ans d'anciennet. "On a toujours t considr comme des pions ici, avec juste le droit de se taire", explique un autre. M. Van Es, relch par les grvistes, devait revenir ce lundi avec des rponses aux questions de salaris. "Je comprends la raction du personnel. Elle est humaine, dit-il. Mais nous ne pouvons plus revenir en arrire." L'intersyndicale a dj prvenu : "Il n'est pas question d'accepter le dpt de bilan." Les lus mosellans dnoncent les rpercussions d'une nouvelle restructuration sur ce site bti en pleine campagne, baptis "Bataville" du temps de sa splendeur.
Le secrtaire d'Etat la dfense, Jean-Pierre Masseret, qualifie d'"inacceptable" la mthode utilise pour annoncer les difficults de l'entreprise. "Le personnel et ses reprsentants sont mpriss et laisss dans l'ignorance totale des projets de la direction", dit-il. Mgr Pierre Raffin, vque de Metz, s'est galement lev pour rappeler qu'une "conception humaine de l'entreprise ne saurait rduire ses collaborateurs quotidiens au rang de simples excutants silencieux sans aucune possibilit de faire valoir leur exprience, entirement passifs au regard des dcisions qui dirigent leur activit". ©
Transnationale

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