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Tmoignage (RL du 9/02/2000) : Il y y a 60 ans, en pleine 'drle de guerre', une mission de reconnaissance tourne mal pour les soldats franais. C'est l'pisode des tus de Forbach, dont Jean-Claude Flauss nous rappelle l'histoire. En ce dbut de fvrier 1940, la neige recouvre comme un linceul notre ville morte dont la population a t contrainte, ds le dbut de la guerre d'abandonner ses maisons et ses biens pour tre vacue en Charente et dans le Pas-de-Calais. Les troupes franaises se sont retires de Forbach fin octobre 1939. Elles y reviennent parfois, le temps d'une patrouille ou d'une reconnaissance. Tout comme les Allemands d'ailleurs. On s'observe. C'est la "drle de guerre". Et c'est alors que survient l'pisode des "tus de Forbach". Le dbut de la guerre avait t marqu par l'invasion foudroyante de la Pologne, puis, sur nos frontires, par des escarmouches et des oprations limites en direction du Warndt. Et puis, tout s'est fig. Henri Amouroux rappelle dans son Peuple du dsastre un pisode peu glorieux o l'on voit le gnral Laure supplier ses chefs directs de l'tat-major, de ne pas vacuer Forbach sans y tre contraint par l'ennemi. Il invoque la vritable rvolte, l'amertume et l'effondrement de la confiance que susciterait une telle mesure chez les officiers et les soldats. Mais rien n'y a fait. "Mourir pour Helsinki et non pas pour Forbach": tel est le titre donn par Amouroux l'un des chapitres de son ouvrage. Aprs l'vacuation de Forbach, le 24 octobre, le gnral Laure note avec regret et ironie que "l'on n'a pas voulu laisser un commandant de corps d'arme infliger l'ennemi une petite revanche qui s'imposait localement et qui lui aurait permis de conserver dans ses lignes une ville au nom historique, Forbach". Selon lui, cet incident est rvlateur de l'tat d'esprit d'un haut commandement paralys qui, ds octobre 1939, prpara les dfaites de juin 40. La reconnaissance tourne mal. Et c'est ainsi que le Corps franc de la 29e DI qui s'est install dans les btiments de l'cole de Morsbach - o il restera jusqu'au 30 mars 1940 - effectuera un nombre important de patrouilles, d'embuscades, de coups de main et de sorties hors des lignes. Le 8 fvrier, le Corps franc dirig par le lieutenant Flix Agnly et son adjoint, et ami de toujours Joseph Darnand, fort d'une vingtaine d'hommes, prend, en pleine nuit, la route de Forbach pour effectuer une mission de reconnaissance. Il s'agit d'observer les travaux de pose de mines et de piges effectus par les Allemands au carrefour de Merlebach, appel "la patte d'oie". Au lever du jour, les Franais sont en place; tout va bien et les Allemands ne se doutent pas qu'ils sont observs. A 11 h 30 clate soudain une fusillade qui tourne trs vite l'avantage des Allemands en surnombre. Les rescaps du Corps franc, menacs d'encerclement, fuient par la caserne Guise. Le lieutenant Agnly est tu. Darnand revient avec trois volontaires pour rcuprer le corps de son ami et le ramener Morsbach. Le lendemain, le futur chef de la milice est dcor de la Lgion d'honneur; il est le hros de Forbach et sa photo en couverture de Match sera vue pas des millions de Franais. © Fvrier 2000 le Rpublicain Lorrain et J.C. Flauss
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