LA MANNE DES AIDES PUBLIQUES
Seuls Bordeaux, Meudon, et le dpartement du Jura dans le cadre d'une exprience pilote, ont obtenu gain de cause. Et pourtant, depuis le 1er janvier 1999, tous les services publics d'limination des dchets bnficient d'un rgime de TVA 5,5% au lieu de 20,6%, ds lors qu'ils mettent en uvre la collecte slective et le tri des dchets. Entre 1993 et 2001, l'Agence pour le Dveloppement et la Matrise de l'nergie (Ademe), qui dpend du ministre de l'Environnement, aura financ 6 des 37 milliards de francs investis par les collectivits locales dans le traitement des dchets municipaux. Selon le snateur Philippe Adnot, auteur d'un rapport d'information publi en mars 2001, certains projets ont bnfici d'un taux global d'aide au financement de 80% en cumulant les aides de l'Ademe, de la rgion, du dpartement et de l'Europe. "La modernisation du traitement des dchets a un cot", proclament en chur les acteurs du systme. Le secteur pse aujourd'hui 45 milliards de francs et connat une croissance annuelle de 20%. Certains centres de traitement, notamment les dchetteries, sont grs directement par les collectivits. Mais la proportion des centres exploits par des socits prives a doubl depuis 1992. Trois poids lourds de l'industrie franaise se sont partag les 37 milliards d'investissements des marchs publics : Suez, plus connue sous le nom de Lyonnaise des Eaux, Vivendi, l'ancienne Gnrale des Eaux, et la Saur, socit appartenant au groupe Bouygues. Les multinationales ne se contentent pas du march intrieur. La branche Propret du groupe Suez a enregistr au niveau mondial un chiffre d'affaires de 33 milliards de francs (5 milliards d'euros), tandis que Vivendi Propret ralisait 25 milliards de francs (3,8 milliards d'euros, chiffres 1999). Ces entreprises misent sur le doublement, d'ici quelques annes, du chiffre d'affaires du secteur en France. Il pourrait atteindre 80 milliards de francs grce la cration de nouvelles filires "ddies", sur le modle d'co-Emballages. Dj, Eco-Graph vient d'tre cr pour collecter les "contributions " ceux qui remplissent les botes aux lettres publicits et de journaux gratuits, qualifis de "courriers non adresss". Le bilan environnemental, en revanche, est moins glorieux. Certains chiffres parlent d'eux-mmes : 15% des tonnages de marchandises transportes sur les routes franaises sont des dchets. Les ordures mnagres reprsentent 5 % de ces flux. Corollaire du transport, la pollution atmosphrique : entre 1988 et 1998, 34 % de dioxyde de soufre supplmentaires ont t mis par le secteur du traitement des dchets, alors mme que tous les autres secteurs de l'conomie diminuaient leurs missions.
LE RECYCLAGE DU VERRE STAGNE
Non rhabilites, les dcharges franaises continuent d'mettre 720 000 tonnes de mthane par an, soit 15 millions de tonnes d'quivalent C02, ce qui correspond 7 % des gaz effet de serre nationaux. Les ventes de sacs d'emballage ont progress de 20% entre 1994 et 2000. Diminution de taille et du poids individuel des emballages, mais augmentation du nombre, c'est formule des mini-portions. Elle fait fulminer Christian Collas, fondateur de l'association nantaise Boomerang : "Avec son produit Actimel, Danone a pouss cette logique si loin qu'il est impossible de consommmer tout le produit. Un cinquime de celui-ci reste accroch aux parois, sans possibilit d'y faire entrer le doigt ou une petite cuillre. De surcrot, l'emballage n'est pas recyclable, car il passe au travers des grilles des centres de tri." Par ailleurs, 13 milliards de sacs de caisse sont distribus annuellement : pour la plupart non recyclables, ils sont mis en dcharge ou incinrs. En dcharge, ils mettront environ cent ans se dcomposer. Quand on procde leur incinration, leur pouvoir calorifique est en revanche fort apprci. Quant la productivit du recyclage, elle laisse franchement dsirer. En 2000, 40 millions de personnes, soit les deux tiers de la population, ont particip au tri slectif des ordures mnagres. Un dixime seulement des plastiques et de l'acier "produits" par les mnages, un cinquime des papiers-cartons, un cinquantime de l'aluminium ont t rcuprs. S'agissant du verre, le taux de rcupration s'lve 42%, soit pratiquement l'quivalent d'avant 1992, lorsque la collecte s'effectuait grce aux conteneurs installs en ville. Et il arrive bien souvent qu'une fois spars, les dchets soient remis en vrac la sortie des bennes. Ainsi, les habitants de Bapaume dans le Nord, fief de Jean-Paul Delevoye, prsident de la puissante Association des maires de France, ont-ils t les premiers Franais trier les dchets compostables avec l'aide de Procter et Gamble qui voulait prouver que les couches-culottes taient recyclables. Mais, pendant des annes, ils ont tri en pure perte, la quasi-totalit des dchets tant envoys en dcharge faute de centre de compostage La France serait-elle plus doue pour le recyclage de fonds publics au profit de socits prives que pour celui des matires premires ? Frdric, professeur d'arts appliqus et sculpteur, n'est pas dupe : "Je ne veux pas trier mes ordures, si cela signifie tre le partenaire bnvole d'entreprises qui font des bnfices, sans contrepartie pour le citoyen. J'aimerais que soient mises en place des solutions vritablement cologiques. Quand la consigne des bouteilles en verre valait un franc, les enfants les rapportaient au supermarch pour se faire de l'argent de poche. La rcupration tait simple. Et pas moins efficace."
Lire la suite de l'article

N'oubliez pas de visiter les sponsors de stiring.net !
________________________________________________________________
-->